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Point d’information sur l’accueil des réfugiés

Christophe Martin

Christophe Martin

Intervention de Christophe Martin

Conseiller départemental de Bayonne2

Au nom du groupe de la gauche départementale

Monsieur le Président, Mes chers collègues,

Après plusieurs mois demandes insistantes et acharnées du groupe de la gauche, vous consentez enfin à ouvrir un débat sur cette question cruciale qu’est l’accueil des migrants et des réfugiés dans notre département, et en particulier de celles et ceux que l’on a coutume de qualifier de « mineurs non accompagnés ».  La situation est devenue compliquée, notamment à Bayonne.

Vous n’ignorez pas que la problématique est spécifique à notre département depuis la fermeture des ports italiens et le report des flux migratoires à travers l’Espagne, désormais première porte d’entrée en Europe.

La politique migratoire relève de la compétence de l’Etat, vous l’avez rappelé. La question mérite d’être abordée à l’échelle européenne, évidemment. Mais je souhaite ici rappeler que le Département est chef de file des solidarités humaines et que c’est bien de notre territoire dont il est question.

Je salue l’engagement des agents, des associations, des particuliers et des élus sur nos compétences obligatoires : l’accueil et l’évaluation des mineurs non accompagnés et l’accompagnement des femmes enceintes.

Comment ferions-nous sans leur dévouement, sans leur engagement et sans leur abnégation ? Nos personnels sont confrontés à des situations humaines dramatiques et ils accomplissent leur mission avec un courage et une dignité qui ne peut que forcer notre respect. Ils méritent la reconnaissance de notre assemblée.

Actuellement, à Bayonne, nous constatons entre 100 et 200 personnes arrivantes par jour, en moyenne. Cet été, ils n’étaient encore qu’une trentaine par jour.

Nous voyons beaucoup de jeunes, originaires de Guinée Conacry, de Côte d’Ivoire ou encore du Mali. Il y a des mineurs (entre 30 et 40%), des femmes enceintes, quelques familles, des hommes.

Ces personnes ne souhaitent pas nécessairement rester en France mais sont le plus souvent en transit, le temps de prendre un bus en direction de la région parisienne ou d’autres pays d’Europe.

Car de quoi parlons-nous ? Nous parlons d’individus, d’hommes et de femmes, parfois d’enfants, de familles, qui ne pouvant vivre dans la peur constante de la mort, prennent le risque fou de partir, avec pour seul bagage un sac à dos, quelques économies et qui arrivent épuisés, livrés à eux-mêmes, affamés et frigorifiés.

Leur seul tort est d’avoir eu l’audace de vouloir une vie meilleure, eux qui ne sont pas nés sur le bon continent, dans un pays qui leur garantit la paix et la sécurité, pour leurs proches et eux-mêmes.

Face à cet afflux de réfugiés, la mairie de Bayonne mais aussi l’agglomération Pays Basque ont pris des dispositions en ouvrant un hébergement d’urgence, à l’ancien centre communal d’action sociale et en assurant un repas quotidien, les deux autres étant à la charge des bénévoles.

Pendant ce temps, le ministre de l’Intérieur, votre ami Christophe Castaner, prône une « plus grande efficacité des reconduites en Espagne ». Ironie du sort, c’est bien souvent en « bus Macron » que les migrants traversent la frontière. Malheureuse opération de communication gouvernementale, qui se limite encore une fois à des coups de menton et à de l’incantation, bien loin des réalités du terrain. De tels propos sont non seulement désolants et dangereux, mais ils sont surtout inefficaces pour aider des personnes vulnérables, à la rue alors que l’hiver est là.

Il nous faut donc être pragmatique.

Les acteurs locaux, je l’ai dit, se sont mobilisés. L’hôpital de Bayonne prend également sa part. (présence sur place de 2 urgentistes + 1 pédiatre)

Mais que fait notre Département, au-delà de ses seules obligations régaliennes ?

J’ai assisté à une réunion le 5 novembre dernier organisée par la CAPB où des maires de l’Agglomération demandaient comment il était possible d’aider, peut-être en mettant à disposition des locaux, le temps pour ces personnes de se reposer et de repartir. Ce fût par exemple le cas à Saint-Palais. Car actuellement, nous avons aussi affaire à des personnes mal intentionnés qui exploitent les migrants en leur prenant l’argent en échange de billets de bus que ces migrants ne verront jamais.

L’agglomération Pays Basque a validé le principe d’un dispositif d’accompagnement permettant de gérer la halte des migrants en détresse, pour une durée de 6 mois, basée sur la mobilisation de 7 professionnels (ATHERBEA). Cout du dispositif 55 000 euros par mois. Quelle sera la contribution de notre collectivité pour accompagner cette démarche avant tout humanitaire ?

Des citoyens regroupés parfois en association accueillent des personnes, les aident dans leurs démarches, avec les risques encourus judiciairement, sans compter l’épuisement qui les guettent. Si l’on considère par exemple les délais d’évaluation d’un mineur, aujourd’hui d’au minimum 5 jours, cela veut dire pour un accompagnant qu’il doit l’accueillir pendant ce temps-là, peut-être même faire le déplacement jusqu’à Pau… même si j’ai appris que depuis 2 ou 3 jours quelques évaluations avaient désormais lieu sur la côte basque comme je l’avais suggéré. Bref la situation est tendue pour tout le monde.

Nous pensons, au groupe de la gauche, que le Département ne peut rester les bras croisés face à une telle situation. Il nous arrive d’intervenir en dehors du cadre de nos compétences pour des raisons peut-être moins importantes humainement que celles-ci. Aussi, nous demandons une mise à disposition de moyens humains, notamment sur Bayonne mais aussi l’organisation d’une solidarité départementale concerte, avec les maires, les présidents d’EPCI et toutes les bonnes volontés pour faire face à cette situation amenée à durer.

Je vous remercie.

Christophe Martin

Gauche64

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